À Lille, un dispositif à la croisée de l’éducatif et du judiciaire cherche à accompagner les jeunes devenus les petites mains des trafiquants. Au programme : séjours de rupture, ateliers artistiques et rencontre avec des pairs aidants.
« Si vous voulez éviter le résultat qui est le mien, il faut peut-être ne pas faire ce que j’ai fait ». Dans la petite salle au parquet grinçant du service de contrôle judiciaire et d’enquête (SCJE) de Lille, à deux pas du tribunal, la voix de Ludo (*) impose l’attention. Il raconte tout, sans filtre : l’entrée dans les consommations « par manque de confiance en moi, surtout », la prise de produits de plus en plus forts, les mélanges, la vie la nuit, l’excès.
Jusqu’à cet accident de la route, une nuit, qui a fait tout basculer. Ludo était au volant, le cerveau embrumé d’alcool et de drogues. Il roulait à gauche. Il a heurté de plein fouet un tracteur et failli y perdre la vie.
Un déclic
Deux des six jeunes hommes réunis pour la rencontre avec ce pair aidant osent des questions. Les autres restent silencieux mais la concentration sur les visages montre que ses paroles font mouche. Après l’accident qui a provoqué un véritable déclic, Ludo s’est décidé à parler. Rencontrer des personnes, partager son expérience pour tenter d’éviter d’autres drames.
« Je vous parle de mon histoire pour espérer que cela puisse servir, explique-t-il aux jeunes présents. Que vous ne soyez pas obligés de vous dire un jour, comme je le fais : "Si j’avais su. Si c’était à refaire". »
Un accompagnement renforcé
La rencontre avec Ludo fait partie d’une série d’actions en faveur des jeunes impliqués dans le trafic de stupéfiants.
Porté depuis deux ans par le SCJE, grâce à un financement de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Midelca), ce dispositif fait le pari d’un accompagnement individualisé renforcé, à la croisée du judiciaire et de l’éducatif.