Le directeur de l’association Retis vient de présenter son travail pionnier lors d'un colloque sur "l’accueil de l’enfant chez un tiers". Il explique tout l’intérêt, pour protéger les mineurs, de recourir à l’entourage, comme le favorise la loi du 7 février 2022.
Vous avez une expérience « pionnière » de l’accueil des enfants par des tiers dignes de confiance, comme l’a souligné l’Odas lors de son colloque du 22 novembre à Paris. Comment en êtes-vous venu à travailler avec les entourages des enfants à protéger ?
Mohamed L’HoussniEn tant qu’éducateur spécialisé, j’avais créé un service d’accueil d’urgence pour enfants, en 2001. Après notre évaluation, beaucoup de jeunes retournaient chez eux, tandis que d’autres étaient placés en foyer. Or parfois ça ne marchait pas : un jeune fuguait par exemple du foyer, pour aller loger chez sa voisine.
Je me suis dit : ça ne sert à rien de chercher à mettre ces jeunes-là dans une case, s’ils ont déjà leur propre niche ! J’ai alors commencé à travailler avec les tiers choisis par l’enfant, en lien avec l’enfant lui-même et ses parents.
Par exemple, il avait été question de placer deux filles, en raison de l’hospitalisation de leur mère, prévue pour six mois. Et pourtant, elles étaient déjà hébergées, l’une chez une copine, l’autre chez sa voisine. Pourquoi ne pouvaient-elles donc pas y demeurer ? La juge des enfants l’avait accepté, en nous confiant une action éducative en milieu ouvert (AEMO) pour le suivi.